Le Vezon

Chantier Vezon | charpentierdemarine

Dériveur en acier de 4,70 m de longueur, le Vezon fête son 134e anniversaire. Il est classé aux monuments historiques. « Son nom vient d’un ancien verbe du parler nantais. Vezoner signifiait « tirer des bords », une expression de marine. Il a été baptisé ainsi par son premier propriétaire, Rogation Levesque », avance Christian Brisset, secrétaire général de l’association le Cercle de la belle plaisance nantaise, en charge du bateau.

« Révolutionnaire »

Construit en 1887 à Chantenay-sur-Loire par le chantier naval Blasse, le Vezon est un voilier exceptionnel par bien des aspects.

« Pour l’époque, il était absolument révolutionnaire, avec une carène d’une forme novatrice et un maître-bau (la plus grand largeur) important. Il a aussi été construit dans un métal d’un genre particulier, le fer puddlé, qui est le même matériau ayant servi à la construction de la Tour Eiffel. »

Sa coque acier de 3mm a été rivetée à chaud et à la main , puis galvanisée. Dérive, puit de dérive et gouvernail sont en tôle. Six caissons en tôle galvanisée, de 75 litres chacun, garantissent l’insubmersibilité du dériveur qui selon Paul Aubin “ avait une fâcheuse tendance à chavirer en vent arrière, il faut dire qu’il portait 30 m2 de voilure ”. Il possède un gréement houari d’origine avec un mât spruce verni de 5,6 m, une vergue de 6 m et une bôme de 5,20 m qui dépasse le tableau arrière de près d’un mètre ! Il est doté d’un bout dehors de 1,80 m.

Il appartient alors à M. Rogatien Levesque qui l’utilise en régate (jauge corrigée de 1Tx en 1902). C’est ce même Rogatien Levesque qui fit construire le “ VETILLE ”, cinq ans plus tard par les chantiers Dubigeon.

Le “ VEZON ” fait partie de cette catégorie de petits yacht communément appelés les “ houaris nantais ”. Construits avec le soin le plus extrême (les rivets ne sont apparents qu’à l’intérieur de la coque), ils sont très en avance sur leur temps et donc des concurrents redoutés qui raflaient tous les prix… quand ils ne coulaient pas, ce qui était relativement fréquent tant ils étaient sur toilés ! Le bateau est acquis en 1936 par M. Baptiste Aubin, charpentier de marine en bois, père de Paul Aubin, l’actuel propriétaire. Il le modifie en lui donnant un gréement plus raisonnable. Le bout dehors fut nettement réduit et la grand voile perdit son immense pic, alors que le mât fût rallongé dans l’esprit de l’époque, déplacé et ramené à un mètre de l’étrave. Par ailleurs, une nouvelle dérive assure une meilleure stabilité au bateau. Celui-ci y gagne aux allures de près et gîte beaucoup moins… La surface de voilure est ramenée de 30 m2 à 20 m2. Durant la seconde guerre mondiale, le bateau fût plusieurs fois convoité par les officiers allemands qui l’enlevaient devant le chantier. Baptiste Aubin et ses fils le reprenaient la nuit suivante… Après plusieurs aller et retour, la famille Aubin mit le “ VEZON ” définitivement à l’abri dans les roseaux.